Est-il vraiment possible de protéger ses données personnelles ?

11 janvier 2019 | Interview presse écrite

A un journaliste de l'AFP dont l'interview a été reprise sur divers site, je mets en garde contre la transmission de ses données à caractère personnel sur internet.

Par

alexandre

Lire l’article sur le site de Sud Ouest ou sur le site de FrenchWeb


Malgré les dernières promesses des géants du web et le RGPD, “la vie privée se réduit comme peau de chagrin”. “Les problématiques autour des données personnelles vont se multiplier”, selon un avocat dédié au droit de la data.

Vous pensez avoir verrouillé vos comptes sur les réseaux sociaux  ? Vous estimez être plus protégé avec l’entrée en vigueur cette année du RGPD  ? Qu’en est-il vraiment  ? Décryptage avec Alexandre Lazarègue, avocat habitué des problématiques du droit numérique.

Est-il possible de mieux protéger les données personnelles sur internet  ?

Alexandre Lazarègue. Du point de vue de la sécurité informatique, même si le RGPD (Règlement général de protection des données, entré en vigueur au niveau européen en mai dernier) par exemple impose des obligations en termes d’architecture de réseau pour mieux protéger les données stockées, tout le monde sait qu’en réalité il est impossible de protéger à 100% d’un piratage ou d’une perte de données. Ceux qui transmettent leurs données aux plateformes et grandes entreprises doivent avoir pleinement conscience qu’il n’existe aucune assurance totale de ne pas voir demain ces données perdues.

Du point de vue du droit, les entreprises font en sorte qu’il est très difficile à chacun d’assumer pleinement ses droits, les contrats sont tellement déséquilibrés que le consentement est dans les faits imposé. Et leur puissance économique est telle que les sanctions uniquement économiques, même quand il s’agit de 4% du chiffre d’affaires mondial comme le prévoit le RGPD a un faible impact au final, quand on se souvient que Facebook par exemple gagne 500 000 dollars toutes les 7 minutes.

Dans les faits, la vie privée se réduit comme peau de chagrin, il faut en avoir conscience. Et le droit concernant les données personnelles n’en est qu’aux prémices, les problématiques ne vont que se multiplier.

Le RGPD est toutefois venu donner plus de droits aux utilisateurs de grandes plateformes. A-t-il fait évoluer les choses, les mentalités  ? 

En tant qu’avocat, j’ai pu constater un intérêt des citoyens quant à la question de la protection de leurs données personnelles, qui s’est matérialisé notamment par une multiplication des recours auprès de la CNIL (Commission nationale informatique et libertés, NDLR), en particulier en ce qui concerne le droit à l’oubli. Il y a globalement une prise de conscience que les données sont précieuses et ne peuvent être vendues.

Mais dans le même temps, après six mois d’exercice du RGPD, on constate qu’il y a de quoi l’améliorer. S’il s’applique tant aux petites qu’aux grandes entreprises, on voit que dans les faits il est très contraignant pour les petites alors que les plus grosses peuvent trouver le moyen de s’y soustraire.

Quelles sont les limites du RGPD dont profitent les grandes plateforme du net selon vous ?

Le RGPD octroie des droits mais en réalité les utilisateurs sont pris au piège de ces plateformes qui, de fait, imposent le consentement. Dès lors que l’utilisateur consent à donner accès à ses données, même s’il en a le droit, dans les faits il n’a pas la possibilité de vérifier comment elles sont utilisées ni qui y a accès et souvent il n’a pas conscience d’avoir accordé un accès aussi large, parce que personne ne lit les dizaines de pages de conditions d’utilisation.

Pourtant il faut que les individus aient conscience de leur responsabilité et qu’ils comprennent que ces données qu’ils publient, même en privé, elles sont diffusées pour l’éternité, quand bien même il y a le droit à l’oubli. Mais dans le contexte de révolution numérique il est difficile d’échapper à ces services, qui pourtant se basent sur le traitement des données. Vouloir y échapper ce serait désormais se mettre en marge de la société.

Par

alexandre

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Pour le magazine Eco Réseau, je prends acte que notre métier connaît une mutation profonde. Les nouvelles problématiques juridiques auxquelles se heurtent notre société mondialisée nous invitent, plus que jamais, à nous faire des auxiliaires de justice contribuant à dire et à faire le droit.

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