Le législateur en a désormais bien conscience. Un texte issu de la proposition de loi contre la haine sur Internet porté par Laetitia Avia, députée (La République en marche) de Paris, a pour le moment bien du mal à voir le jour, peinant à trouver l’équilibre délicat entre lutte contre la haine et liberté d’expression. « Pour ne pas se résigner face à ce déferlement de contenus haineux sur les espaces de discussion qu’offre Internet, il revient au législateur de mieux définir les moyens de combattre toutes les formes d’intolérance et de protéger nos concitoyens contre les effets délétères de cette haine sur la cohésion de la société », avait justifié la parlementaire face à l’Assemblée nationale.
Ils favorisent l’implication de la société dans le débat public, c’est un fait. Les réseaux sociaux ont permis à tout un chacun de donner son avis instantanément sur n’importe quel sujet. La parole n’est plus réservée à une élite. On pourrait presque croire qu’une forme de démocratie directe a émergé, via ces plates-formes, imposant même certaines questions à l’agenda politique. Dernier exemple en date : le vote, jeudi 30 janvier, par la majorité parlementaire contre une proposition de loi d’un député UDI pour porter de cinq à douze jours le congé d’un salarié venant de perdre un enfant. Tollé sur les réseaux sociaux obligeant le gouvernement à rétropédaler.
Le mouvement des Gilets jaunes, par exemple, s’est structuré autour de ces nouveaux outils. Les protagonistes lançant leurs appels à manifester sur Facebook, les anti et les pro exprimant leurs convictions sur Twitter. C’est d’un tweet aussi qu’est parti, plus récemment, le rassemblement contre Emmanuel Macron et la réforme des retraites devant le théâtre des Bouffes-du-Nord. Une action qui a suscité un déferlement de réactions sur les réseaux sociaux aussi diverses que manichéennes, polarisant le débat par des positions clivantes et sans nuance.
« Les réseaux sociaux ne sont pas un problème en soi, tranche Me Alexandre Lazarègue, compétent en droit du numérique et en droit de la presse. Ils ne sont qu’une caisse de résonance d’une société qui est disloquée, déchirée. Nous ne nous supportons plus. Et l’anonymat qu’autorisent les réseaux sociaux permet d’exprimer pleinement toute son incompréhension mais aussi toute sa rage, voire sa haine. Les internautes y sont enfermés dans leur propre camp, ce qui entraîne une radicalité évidente. On ne veut pas débattre pour comprendre mais pour imposer ses idées », analyse l’avocat.
Et ce dernier d’insister sur les conséquences dramatiques bien réelles sur les victimes de ce déchaînement désinhibé parce que virtuel. « Regardez ces discriminations dont font l’objet actuellement tous ces élèves d’origine asiatique depuis le coronavirus ! Dans les affaires d’injures publiques, de diffamation, de propos polémiques, c’est bien souvent ce qui nous distingue qui est mis en avant : les origines, la religion… », illustre Me Lazarègue. L’idée de construire quelque chose en commun, cette notion du vivre ensemble? « Elle est moquée, caricaturée », selon l’expert. « Il est temps de rappeler un discours mobilisateur qui a aussi toute sa place sur les réseaux sociaux. »
Le législateur en a désormais bien conscience. Un texte issu de la proposition de loi contre la haine sur Internet porté par Laetitia Avia, députée (La République en marche) de Paris, a pour le moment bien du mal à voir le jour, peinant à trouver l’équilibre délicat entre lutte contre la haine et liberté d’expression. « Pour ne pas se résigner face à ce déferlement de contenus haineux sur les espaces de discussion qu’offre Internet, il revient au législateur de mieux définir les moyens de combattre toutes les formes d’intolérance et de protéger nos concitoyens contre les effets délétères de cette haine sur la cohésion de la société », avait justifié la parlementaire face à l’Assemblée nationale.