Ils avaient trouvé le moyen d’arrondir leurs fins de mois : c’est ainsi que les neuf prévenus expliquent les faits, mercredi 24 juin devant le tribunal correctionnel de Paris. Ils se retrouvent sur le banc des prévenus pour avoir fabriqué et vendu des copies du fameux sac Birkin, de chez Hermès. Un trafic qui leur a rapporté quatre millions d’euros en trois ans.
Des prévenus ordinaires
Qui sont-ils ? Des gens très simples : l’un d’eux est même défini comme l’homme le plus ordinaire qui soit. Impressionnés par le président qui les questionnent, ils répondent que c’était pour mettre un peu de plus dans le quotidien, pour pouvoir faire plaisir aux enfants. Parmi eux, un ancien employé de la marque de luxe, entré dans les ateliers du Faubourg Saint-Honoré à ses 18 ans, avec un CAP maroquinerie en poche. Dix ans plus tard, il profite d’un savoir faire unique pour rentrer dans la combine. Il explique à la barre la difficulté de fabrication d’un sac Hermès, d’abord monté à l’envers et qu’il faut retourner avec délicatesse.
« Je regrette », assure-t-il. Hermès est un bon employeur, qui paye bien ses ouvriers : 2 500 euros par mois. Il a honte parce qu’il a « trahi » son entreprise, dit-il. Pourtant, la petite affaire fonctionnait plutôt bien et l’homme plaçait son argent dans des salons de coiffure, un appartement à Narbonne ou des voitures de luxe. Dans l’entreprise, chacun a son rôle, comme cet homme qui allait chercher les peaux de crocodile en Italie, chez un revendeur qui était le fournisseur officiel de la marque il y a plusieurs années. Les femmes, elles, travaillaient à la fabrication et à la vente des sacs, chacun vendus entre 23 000 et 30 000 euros. La moitié du prix du vrai Birkin, fleuron de la marque, produit en très peu d’exemplaire tous les ans.
« Aucun préjudice », selon la défense
Pour la société Hermès, qu’est-ce que cela représente ? Sans doute une goutte d’eau car il s’agit de 150 sacs vendus en trois ans, entre 2011 et 2014. Cela équivaut à quatre millions d’euros de préjudice. Mais la société défend la propriété exclusive de fabrication de ses modèles.
Présents à l’audience, les avocats de la marque de luxe restent discrets. Me Alexandre Lazarègue défend celui qui apparaît comme le pivot de cette entreprise de contrefaçon. Il est en cavale et donc pas à l’audience. L’avocat considère que Hermès va trop loin : « Un milliard d’euros de chiffre d’affaires ou un peu plus par an, auxquels doivent s’ajouter 750 euros par action… Il y a quelques salariés qui ont voulu mettre en avant leur expertise acquise par Hermès pour développer une activité parallèle en vendant des sacs à des personnes qui avaient parfaitement conscience que ce n’était pas des sacs Hermès… Pour la marque, il n’y a eu aucun préjudice ! » Un point de vue qui sera plaidé vendredi 26 juin, dernier jour de ce procès.